Un quart des français en rupture avec le numérique

Un quart des français en rupture avec le numérique

Article paru dans UP’ Magazine (juin 2018)

Environ 23 % des Français ne sont « pas à l’aise avec le numérique », déclarant ne jamais naviguer sur internet ou bien difficilement, selon une étude CSA sur l' »illectronisme », l’illettrisme numérique.

Ce taux s’élève à 58 % chez les personnes de 70 ans et plus. Il s’agit d' »une nouvelle forme de fracture sociale », selon Philippe Marchal, président du syndicat de la presse sociale, qui a souhaité en commandant cette étude « sensibiliser » et « permettre une prise de conscience de l’opinion et des pouvoirs publics ».
Si quasiment 9 personnes sur 10 possèdent une connexion internet et un équipement leur permettant de s’y rendre (téléphone, ordinateur, tablette), utilisés majoritairement pour rechercher une information ou envoyer un mail, 16 % ne vont jamais ou moins d’une fois par semaine sur internet, et 7 % trouvent la navigation difficile.
Parmi ceux qui n’utilisent jamais internet, 42 % trouvent cela trop compliqué, 34 % n’ont pas confiance dans la protection de leurs données personnelles, mais la grande majorité (70 %) invoque, possiblement conjointement, un manque d’intérêt.

« Abandonnistes »

Par ailleurs, près d’un tiers des Français (32 %), que l’étude nomme « abandonnistes », déclarent avoir déjà renoncé, dans les douze derniers mois, à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser internet.
Ces personnes, qui se retrouvent dans toutes les catégories de la population (de façon équivalente quels que soient le sexe, la catégorie socio-professionnelle, en ville ou à la campagne…), disent renoncer principalement à une démarche liée aux loisirs (55 %), mais aussi à des démarches administratives (39 %).
De plus, la moitié des « abandonnistes » déclarent avoir déjà ressenti « une sensation de décalage » avec leur entourage dans l’utilisation de technologies « au point de se sentir seul ». Plus d’un sur deux déclare souhaiter « progresser », et la même proportion cherche à se faire aider, la plupart du temps par un membre de sa famille.
Selon Wetechcare, une association lancée par Emmaüs Connect pour lutter contre l’illectronisme en apprenant l’usage de l’informatique dans des ateliers pratiques, « Cette étude vient conforter une préoccupation qui nous mobilise depuis plusieurs années chez Emmaus Connect. Éviter « l’illectronisme », comprendre l’illétrisme numérique, en proposant des formations, est une priorité ». Depuis quelques mois, l’organisation a mis en place la plateforme lesbonsclics.fr. Ce site gratuit met en capacité toute personne à l’aise sur le numérique d’aider ceux qui ne le sont pas via une boîte à outils clés en main. « Mais le combat contre l’illectronisme s’appuie aussi sur des bénévoles, pour venir animer les ateliers d’initiation, proposer des accompagnements personnalisés, et participer à développer le projet et à le faire connaître auprès du grand public » explique Jean Deydier, Fondateur et Dirigeant de Emmaus Connect.
Alors que le gouvernement envisage une dématérialisation totale de l’administration d’ici à 2022, cette nouvelle étude fait craindre que la fracture numérique ne s’aggrave. En effet, sans compétences numériques minimales, de nombreuses tâches du quotidien deviennent un parcours du combattant. La plupart des personnes souffrant d’illectronisme renoncent à des achats en ligne avec une carte bancaire, à une démarche administrative et se privent souvent d’aides et d’allocations auxquelles elles pourraient avoir droit.
Cette étude a été réalisée en février 2018 par téléphone, auprès de 1.011 Français représentatifs de la population et d’un panel spécifique de personnes âgées de 70 ans et plus (368 au total).